Description médicale Dans nos pays industrialisés, le cancer de l'endomètre est le cancer gynécologique le plus fréquent et le quatrième en incidence chez la femme (après les cancers du sein, du colon et du poumon). Il compte pour environ 13 % de tous les cancers chez les femmes. L'endomètre est la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus ; elle s'imprègne d'hormones tout au long de chaque cycle menstruel et, au moment des règles, une partie de ce tissu est éliminé. On sait qu'un grand pourcentage des cancers qui ont leur origine dans des tissus sensibles aux hormones sexuelles - c'est le cas de l'endomètre - sont « hormonodépendants ». Ce qui veut dire qu'ils peuvent être déclenchés par un surplus d'hormones naturelles comme les oestrogènes. Plusieurs facteurs peuvent influencer à la hausse le taux d'oestrogènes, comme l'obésité et l'hormonothérapie non opposée (qui ne comprend que de l'oestrogène) à long terme. La progestérone, par contre, semble contrebalancer les effets néfastes des oestrogènes. Or, comme le taux de progestérone diminue après la ménopause, les femmes de plus de 50 ans sont davantage à risques d'un cancer de l'endomètre. Il semble que la prise d'anovulants (pilule anticonceptionnelle) pendant plusieurs années réduise le risque de ce type de cancer. Contrairement au cancer du col de l'utérus, celui de l'endomètre peut survenir chez des femmes qui n'ont jamais eu de rapports sexuels. Il est plus fréquent chez les femmes ayant eu peu ou pas d'enfants. Parce qu'il entraîne fréquemment des pertes sanguines, le cancer de l'endomètre est souvent diagnostiqué assez tôt. Et comme il progresse très lentement, un diagnostic précoce signifie souvent que la maladie est encore très circonscrite. Dans ce cas, une chirurgie arrive généralement (dans environ 80 % des cas) à éliminer le cancer. Les stades du cancer de l'endomètre Stade 1. Le cancer est circonscrit au corps de l'utérus et n'a pas atteint le col. Stade II. Le cancer s'est étendu jusqu'au col. Stade III. Le cancer s'est propagé hors de l'utérus ; les ganglions logés dans le bas de l'abdomen (pelvis) peuvent être atteints. Stade IV. Le cancer s'est propagé dans l'abdomen supérieur ; il peut avoir atteint la vessie, le rectum ou d'autres parties de l'organisme. Note. Le cancer du col de l'utérus s'apparente très peu au cancer de l'endomètre et ne sera pas abordé dans le cadre de cette fiche. Quant au sarcome utérin, cancer plutôt rare du muscle de l'utérus, il ne sera pas, non plus, traité ici. Mentionnons aussi que les fibromes utérins, assez courants chez les femmes de 40 ans et plus, ne sont pas des cancers. Leur transformation en cancer est un phénomène très rare. Quant à l'endométriose (tissu endométrial qui se retrouve en dehors de l'utérus), elle n'est cancéreuse que de façon rarissime. L'hyperplasie de l'endomètre (un accroissement des cellules), par contre, peut évoluer en cancer. Symptômes Pertes sanguines anormales en période postménopause : au début, les pertes sont généralement assez claires, devenant de plus en plus chargées de sang. Attention : comme ce cancer se déclare parfois au moment de la ménopause, tandis que les menstruations sont irrégulières, il peut se produire une certaine confusion qui doit être évaluée. Crampes et pression pelviennes. Douleurs au moment d'uriner. Douleurs pendant les relations sexuelles. Douleurs dans la partie basse de l'abdomen. Il est important de mentionner que ces symptômes peuvent concerner n'importe quels troubles du système reproducteur de la femme et ne sont donc pas spécifiques au cancer de l'endomètre. Évidemment, il est important de se soumettre rapidement à un examen médical. Personnes à risque Un certain nombre d'éléments non modifiables augmentent - par rapport à l'ensemble des femmes - les risques d'être atteinte de ce cancer. Âge. La maladie affecte surtout les femmes postménopausées. Elle sera rare avant 45 ans. Race. L'incidence de ce cancer varie considérablement d'une région du monde à l'autre. En Occident, les femmes blanches sont les plus à risques. Nulliparité/infertilité. Les femmes n'ayant pas eu d'enfant ont trois fois plus de cancer de l'endomètre par rapport à celles qui en ont eu. Cet écart s'élargit jusqu'à huit fois dans un contexte d'infertilité. taux d'oestrogènes. Ce cancer est souvent de type « hormonodépendant », ce qui veut dire qu'il peut être activé par les hormones naturelles que sont les oestrogènes. Conditions médicales associées. Diabète, hypertension, trouble de la vésicule biliaire ou de la glande thyroïde sont associés avec le cancer de l'endomètre. Ce lien pourrait être en fait en corrélation avec l'excès de poids associé à ces conditions. Hyperplasie de l'endomètre. Les femmes déjà atteintes de cette maladie sont plus à risques. Histoire familiale. Les femmes qui ont une histoire familiale ou personnelle de cancer de l'endomètre ou de cancer du côlon sont plus à risque. Facteurs de risque Lors d'études, les facteurs suivants ont été clairement associés à un risque plus élevé de cancer de l'endomètre. Excès de poids. On ne sait pas encore comment ce facteur contribue à un tel cancer, mais il est possible que l'excès de poids entraîne un taux plus élevé d'oestrogènes, car le corps fabrique une partie de ses oestrogènes dans les tissus gras. Hormonothérapie inadéquate. Selon les données actuelles, il semble que l'hormonothérapie (oestrogènes seules, sans progestérone) accroît les risques de développer un cancer de l'endomètre dans une proportion d'environ 120 % pour chaque période de cinq années d'utilisation.1 L'hormonothérapie avec progestérone, toutefois, ne présente aucun facteur de risques. Certains croient que cette combinaison favorise la détection précoce en provoquant un saignement anormal plus tôt. Les recherches analysent plusieurs autres facteurs susceptibles de jouer un rôle d'activateur pour le cancer de l'endomètre. Aucune preuve formelle n'a encore été faite concernant ces facteurs. Gras alimentaires. Depuis le début des années 1980, on croit que les gras alimentaires seraient l'élément de la diète le plus susceptible de provoquer la cancérogenèse. Même si certaines recherches de laboratoire semblent entériner ce point de vue, notamment pour le cancer de l'endomètre, les recherches chez les humains n'ont pas encore démontré hors de tout doute une telle corrélation. Au mieux, pour le moment, on peut dire que les gras alimentaires constituent un « risque potentiel ». Il existe plusieurs mécanismes par lesquels, croit-on, les gras alimentaires pourraient activer les mécanismes du cancer, dont la biodisponibilité des hormones sexuelles. Sédentarité. Outre le fait que la sédentarité entraîne souvent un excès de poids, on croit que l'activité physique (y compris les tâches domestiques et les déplacements) peut limiter la quantité d'oestrogènes produite par les ovaires. Tamoxifen. Les femmes prenant du tamoxifen pour prévenir ou soigner un cancer du sein seraient deux à trois fois plus à risques, ce qui peut être lié à l'effet du tamoxifen sur l'utérus, un effet qui ressemble à celui des oestrogènes tandis qu'il se manifeste par un effet anti-oestrogène aux seins. Tests. Il n'y a pas de test de dépistage efficace. Cependant, il est important de ne pas négliger de signaler un saignement anormal, ce qui permettra une détection précoce. Examen gynécologique. Le médecin palpe le vagin, l'utérus et la vessie pour détecter des masses suspectes. Pour observer l'intérieur du vagin et l'extérieur de l'utérus, il introduit un spéculum dans le vagin Attention: un simple frottis vaginal, couramment appelé Pap test (de test de Papanicolaou), ne peut pas révéler la présence de cellules cancéreuses à l'intérieur de l'utérus. Échographie transvaginale. À l'aide d'une sonde insérée dans le vagin, le médecin obtient un portrait de l'utérus. Si l'endomètre paraît anormal, il peut pratiquer une biopsie. Biopsie. Le médecin prélève un petit morceau de tissu de l'intérieur de l'utérus pour le faire analyser en laboratoire. Cet examen peut se faire au bureau du médecin ou par curetage traditionnel avec parfois l'ajout d'hystéroscopie (fibre optique pour regarder l'intérieur de la cavité utérine). Test d'hormonodépendance. Avant le début d'un traitement, le médecin peut demander un tel test pour vérifier si des récepteurs d'oestrogènes sont présents dans les tissus. Si c'est le cas, la manipulation hormonale est susceptible d'avoir un effet positif pour cette patiente. Prévention Rappelons que, dans le cas du cancer, les personnes à risque possèdent une prédisposition, mais pour que cette prédisposition se manifeste en un cancer, il faut que d'autres facteurs agissent comme activateurs. Maintenir un poids santé. Les preuves s'accumulent pour démontrer que l'excès de poids joue un rôle dans le développement du cancer en général et davantage encore pour certains cancers en particulier, dont celui de l'endomètre. Une recherche épidémiologique néerlandaise qui a suivi 25 000 femmes de 40 ans à 65 ans sur 13 ans a révélé que l'excès de poids était, chez les femmes postménopausées, l'un des deux principaux facteurs de risques pour le cancer de l'endomètre et l'hyperplasie de l'endomètre (l'autre facteur est la prise de médicaments oestrogéniques Par ailleurs, des chercheurs suédois ont analysé les données épidémiologiques des pays de l'Union Européenne et ont découvert que 39 % des cancers de l'endomètre, dans ces pays, seraient reliés à un excès de poids Limiter les gras alimentaires. Parmi les recherches qui indiquent un lien « possible » entre les gras alimentaires et ce cancer, mentionnons une étude de cas-témoins (695 femmes aux États-Unis) qui a trouvé une augmentation des risques reliée à la consommation de gras saturé (notamment le gras animal et les fritures Cette recherche a aussi noté une réduction des risques reliée à la consommation de céréales. Une autre étude de cas-témoins (846 femmes en Suisse et en Italie) a aussi trouvé une relation avec la consommation de protéines et de graisses animales Une recherche plus récente de cas-témoins (671 femmes) a une fois de plus mis en relief le lien entre l'apport de gras alimentaire et le risque de cancer de l'endomètre. Rappelons que les experts en prévention du cancer recommandent de limiter à 25 % la proportion de gras dans l'alimentation. De plus, un apport riche en fruits, céréales et légumes (spécialement à e teneur en bêta-carotène) réduit le risque de cancer de l'endomètre. Pratiquer régulièrement des activités physiques. Même si la corrélation entre la sédentarité et les cancers de l'endomètre n'est pas encore prouvée, une étude menée sur l'ensemble de la population féminine en Suède indique que l'activité physique (tant celle pratiquée comme loisirs que celle liée au travail et aux tâches domestiques) est susceptible de réduire le risque du cancer de l'endomètre après la ménopause De l'ensemble des recherches sur le sujet, on peut conclure que l'activité physique semble avoir un impact réel, mais modeste, sur le cancer de l'endomètre. Limiter l'apport d'oestrogènes. Si une personne doit suivre une hormonothérapie à la ménopause, il est recommandé que cette médication contienne de la progestérone afin de contrebalancer l'effet négatif des oestrogènes Mentionnons que certains croient que les phytoestrogènes (oestrogènes d'origine végétale) ne représentent pas un facteur de risque, mais qu'elles atténuent l'effet néfaste des oestrogènes. Traitements médicaux Le traitement du cancer s'opère sur deux plans : local (sur la tumeur elle-même) ou systémique (sur l'ensemble de l'organisme, pour empêcher les métastases). La chirurgie et la radiothérapie agissent localement. L'hormonothérapie et la chimiothérapie touchent l'ensemble de l'organisme. Chirurgie Dans le cas d'un cancer de l'endomètre, on procède généralement à la chirurgie, puisque c'est un moyen assez sûr d'éliminer le cancer. Il s'agit de retirer l'utérus, de même que les trompes de Fallope et les ovaires. Cette opération se fait généralement par le biais d'une incision dans l'abdomen; le séjour à l'hôpital dépasse rarement une semaine. Plus récemment, on a commencé à utiliser le laparoscope pour procéder au détachement des trompes et des ovaires afin de compléter l'hystérectomie par voie vaginale. Pour les cancers de stade I, la chirurgie est parfois la seule intervention nécessaire. Le chirurgien peut aussi décider de retirer quelques ganglions situés à proximité pour s'assurer qu'ils sont sains; une analyse de laboratoire sur ces ganglions révélera si le cancer s'est propagé. Radiothérapie Chez la plupart des femmes dont le cancer a atteint les stades II, III ou IV, la chirurgie doit être accompagnée de radiothérapie afin de détruire les cellules cancéreuses qui ont essaimé. Il arrive plus rarement que la radiothérapie soit administrée avant la chirurgie afin de réduire la taille de la tumeur pour faciliter son excision. La radiothérapie peut être interne ou externe. Certaines patientes peuvent recevoir les deux types. - Radiothérapie externe. Un appareil projette des rayons sur la région affectée. Cela se fait généralement en clinique externe, à raison de cinq jours par semaine, pendant plusieurs semaines. - Radiothérapie interne. De petits tubes contenant des substances radioactives sont insérés dans le vagin et y demeurent de quelques heures à quelques jours, temps durant lequel la patiente est hospitalisée. Thérapie hormonale Si les tests révèlent que le cancer est de type hormonodépendant, on peut choisir l'option d'administrer une hormone (généralement de la progestérone) qui empêchera les récepteurs d'oestrogènes de s'« approvisionner » en oestrogènes. NOTE : Pour les jeunes femmes atteintes d'un cancer de l'endomètre qui n'en est qu'au stade 1 et qui souhaitent avoir des enfants, il arrive que l'on tente un traitement de thérapie hormonale uniquement, sans hystérectomie. Cette approche est récente et encore considérée comme risquée. Approches complémentaires En prévention Efficacité incertaine Protéines et isoflavones de soya. Efficacité incertaine Protéines et isoflavones de soya. Certaines données épidémiologiques portent à croire que les femmes dont l'alimentation est riche en isoflavones (des phytoestrogènes) diminuent leurs risques d'un cancer de l'endomètre. On trouve des isoflavones dans certains aliments, et plus particulièrement le soya.